HERMEVILLE – VERGETOT. Face à la fermeture programmée des écoles des deux communes, les élus se mobilisent et ont envoyé un courrier au ministère de l’Education nationale, aux élus…

Après 179 années de bons et loyaux services, l’école Albert Jacquard de Vergetot (ainsi que celle d’Hermeville dans le cadre d’un regroupement existant depuis 1981) va fermer ! Cette école sans aucun doute, l’un des plus vieux bâtiments scolaires de France ne recevra plus d’élèves en septembre 2015 ! Les élus de Vergetot et d’Hermeville ont appris cela avec consternation. Ils ont voulu réagir en envoyant au moins le courrier ci-dessous au ministère de l’Education nationale, à ses représentants, aux élus nationaux (députée et sénateur), aux représentants des maires… Se rendant compte que l’administration n’a qu’un raisonnement bassement comptable, ils veulent que soient rappelées les fonctions essentielles à la vie en commun que représente une école communale.

La commune de Vergetot, 434 habitants, et la commune d’Hermeville, 377 habitants, ont chacune une école avec une classe unique. Ces 2 classes uniques sont sous la menace d’une fermeture pour la prochaine rentrée scolaire 2015/2016, ce qui signifie à court terme, soyons réalistes, la fermeture de nos 2 écoles. Ces fermetures entraineront la suppression d’un service de proximité et de qualité, auxquels les élus et les habitants sont attachés. Les élus souhaitent par cette lettre exprimer leurs interrogations et leurs inquiétudes.

L’école rurale ne doit pas faire les frais de la carte scolaire, ceci dans une logique purement comptable. C’est «déshabiller Pierre pour habiller Paul», avec, dans le meilleur des cas, sauver une classe menacée dans une autre commune mais souvent surcharger d’autres classes, sans création de postes d’enseignants.

Nos 2 communes fonctionnent dans le cadre d’un RPI (regroupement pédagogique intercommunal) depuis 1981, les élèves de CP, CE1 et CE2 étant scolarisés à Hermeville et ceux du CM1 et CM2 l’étant à Vergetot.
Le nombre d’élèves est variable selon les années, et pour cette année scolaire 2014/2015, nos deux classes ont un effectif de 16 élèves par classe. Pour la rentrée prochaine, l’estimation des effectifs, à ce jour, est à la baisse : 14 élèves pour Hermeville et 12 pour Vergetot.

L’ensemble des élus et agents communaux, les parents d’élèves et les enseignants de ces 2 collectivités ont toujours œuvré en parfaite harmonie, et contribué à un enseignement de qualité en milieu rural. Les élèves bénéficient de l’appui des 2 communes, à travers leurs conseils municipaux, dans les projets pédagogiques : classes transplantées (neige, sciences, histoire), projets internationaux (e-twinning, Comenius), sorties scolaires, accueil d’intervenants extérieurs. Les élèves ont accès aux équipements qui sont aujourd’hui un appui indispensable pour les enseignements : matériel informatique (école numérique rurale), bibliothèque (plus de 500 livres, documentaires, littérature de jeunesse…), jeux de société, matériel pour l’expérimentation scientifique, installations sportives.

Récemment, nos 2 communes ont financé de nombreux investissements :
– Pour Hermeville : une halte garderie, la réfection de la salle polyvalente qui accueille tous les midis les élèves des 2 écoles pour la cantine, le projet en cours d’aire de jeux à côté de la garderie.
– Pour Vergetot : des travaux de sécurité dans l’école et autour de l’école, un projet de voirie concernant la traversée de route devant l’école, or ce genre de projet se planifie longtemps en avance (année N-1 à N-2), que deviendra ce projet ?
– L’emploi d’animateurs et l’achat de matériels des activités périscolaires pour les 2 communes.

Vergetot et Hermeville font partie des 21 communes de la communauté de communes du canton de Criquetot-l’Esneval. En 2013, 6 de ces communes ont accepté de mettre en place la réforme des rythmes scolaires, dont nos 2 communes. Soucieux de répondre avant tout à des objectifs pédagogiques pour permettre aux enfants de mieux apprendre à l’école, et ceci malgré la charge de travail supplémentaire qu’impliquent cette nouvelle compétence pour nos collectivités, l’ensemble des acteurs des 2 communes (parents, enseignants, et élus) ont organisé avec cohérence le temps scolaire et le temps périscolaire, ceci malgré la complexité liée aux transports scolaires. Nous avons mis en place des activités péri scolaires variées et de qualité réalisées par des animateurs et animatrices compétents et professionnels (cours de peinture, Taï-chi-chuan, multi activités sportives et manuelles, jeux de société, et théâtre), chaque élève étant libre d’y participer ou non, et ces activités sont prises en charge intégralement par nos communes, elles sont donc gratuites pour toutes les familles.
Fermer une école a des conséquences sur la vie communale qu’il faut étudier dans sa globalité.

L’école, située au cœur du bourg, est reconnue par l’ensemble de la population comme le lieu d’instruction et de socialisation des enfants scolarisés. Chacun pense qu’elle est indéfectible, l’école ayant toujours été debout dans la commune même dans les moments douloureux de l’histoire de France de ces 100 dernières années, enseigner restait une priorité.

L’école est plus que cela, l’école est un lieu de vie et de lien social pour les enfants et les familles, elle engendre des relations humaines au sein de la population, ces relations sont riches pour tisser des liens entre les habitants, toutes générations confondues (les évènements récents de janvier nous le prouvent), et particulièrement pour intégrer les familles récemment installées.

L’école contribue à la vie associative de nos communes respectives mais aussi dans le cadre du RPI qui rassemblent ces 2 villages pour certaines manifestations. Les élèves et leurs parents connaissent leurs élus, apprécient cette proximité favorable aux échanges divers et notamment à la solidarité et à la citoyenneté.

Le diagnostic communal réalisé en 2014 sur Vergetot, dans le cadre du PLU en cours d’élaboration (plan local d’urbanisme), montre un léger vieillissement de la population,. Comment attirer les jeunes couples à travers notre projet d’urbanisation (30 logements neufs sur 10 ans à venir) si nous n’avons plus d’école, si nous n’avons plus ce service de proximité à proposer ? Hermeville est dans la même dynamique.

Dans les petites communes comme les nôtres, avec peu de structures d’accueil du public, aux moyens humains et financiers limités, nous devons rivaliser d’imagination et de dynamisme pour créer des évènements qui réunissent les habitants, nous devons lutter pour ne pas transformer nos communes en commune-dortoir. L’école en fait largement partie, il suffit de lire nos gazettes communales pour s’en rendre compte.
Fermer une classe puis l’école signifie des licenciements de nos personnels communaux, et des animateurs des activités périscolaires. Ces personnels ne seront pas embauchés dans les communes avoisinantes qui recevront nos élèves. Les transports scolaires devront être réorganisés.

Ce service de proximité que nous proposions aux familles, viendra en rupture avec l’un des bénéfices de la réforme des rythmes scolaires pour certains enfants, qui souhaitaient terminer leur journée de classe à 15h40 (sans participation aux activités périscolaires) et rentrer chez eux à pied, ils ne le pourront plus. Ces enfants seront tributaires du transport scolaire de la commune où ils seront scolarisés. Quel va être le surcoût pour ces familles? (frais de transport supplémentaires, coût de cantine plus élevé, frais d’activités périscolaires…)
Une école c’est un « organe » vital dans une commune, c’est des cris et des jeux d’enfants dans la cour d’école, des fêtes scolaires, des expositions de leurs œuvres et autres activités périscolaires, des enfants qui reconnaissent les habitants et les saluent, des enfants heureux dans leur « petite » école, des parents satisfaits de l’enseignement où chaque enfant bénéficie d’un accompagnement personnalisé en fonction de ses besoins, possible par le nombre d’élèves par classe.
L’ensemble des élus de Vergetot et Hermeville souhaitent que tous ces éléments soient analysés avant une prise de décision irrévocable, lourde de répercussions sur la vie et l’avenir de nos deux communes.

Le Côte d’Albâtre