ETRETAT. Edouard Passanmeau a offert une étude passionnante sur « Maupassant et la guerre ».
Mercredi, c’est dans la salon de la villa Orphée, celui que Maupassant décrivait dans une chronique d’août 1880, comme étant le plus beau et le plus grand d’Etretat, que s’est déroulée la conférence « Maupassant et la guerre ». Une conférence qui s’est révélée captivante tant celui qui l’animait, Edouard Passanmeau, est un passionné. Il a publié récemment deux essais : Le Paris de Maupassant et la Bretagne de Maupassant, aux éditions Alexandrine. Le conférencier a mis en parallèle, le soldat, le journaliste et l’écrivain. En premier lieu, il a évoqué le soldat. Maupassant vient d’avoir vingt ans quand il est mobilisé le 10 août 1870. Affecté dans les bureaux de l’intendance de la 2e division à Rouen, il n’a participé à aucun combat mais il a participé au repli de l’armée française , à l’évacuation des troupes vers Le Havre. L’homme a été profondément blessé dans son amour-propre car il s’était laissé prendre par les accents patriotique de discours officiels. Il a cru à une victoire rapide et il en restera à tout jamais très critique et méfiant vis à vis des mouvements populistes. Meurtri moralement et dans sa chair par la déroute de la France, de la perte de l’Alsace et la Lorraine, il ne s’en remettra jamais. Il a le sentiment d’avoir été trahi par les dirigeants politiques et militaires. Puis c’est du journaliste et en particulier du chroniqueur que le conférencier dresse un portrait. Maupassant a fait parti de « l’écurie de Zola ». Sa nouvelle « Boule de suif est reconnue comme un chef d’oeuvre, il devient célèbre du jour au lendemain, il est engagé comme chroniqueur par le journal » Le Gaulois » puis parallèlement par « Gil Blas « . En tant que chroniqueur, ses opinions sur la guerre sont à la fois fortes et simples. Il est un pacifiste réaliste, un patriote mais il était contre l’esprit de vengeance. Enfin dernière facette, Maupassant l’écrivain. Il a écrit une vingtaine de nouvelles sur le thème de la guerre où il met en scène les hussards, la garde nationale, la population normande face à l’invasion, les femmes et en particulier les prostituées qui en défendant le corps des femmes deviennent les symboles de la résistance et du patriotisme, le vrai. Maupassant était fasciné par la fragilité de l’être humain. Il avait horreur de la guerre car elle détruit la dignité de l’homme, fait resurgir les instincts primitifs. « C’est dans ses nouvelles sur la période de l’occupation que Maupassant nous dit sa vérité sur la guerre »
Une conférence particulièrement enrichissante, vivante , étayée d’extraits de nouvelles et chroniques lus par les artistes du festival Offenbach qui ont renforcé l’éclairage apporté par le conférencier sur les différentes facettes de Maupassant. L’intervention s’est terminée sur un extrait de « Deux amis », une nouvelle dont la chute est comme souvent chez l’auteur, éblouissante et sur le fait indéniable que Maupassant était un très grand écrivain.