ETRETAT. De retour vers Valaine, Tounéco tombe » nez à dard » avec les abeilles du lieu.
L’accueil est surprenant… et piquant ! Battant en retraite jusqu’au talus planté, Tounéco observe le ballet ininterrompu des abeilles de la maisonnette, la ruche. Elles vont chercher de l’eau ? Récoltant les gouttelettes sur la cuticule cireuse des feuilles de colza, elles les apportent dans la ruche. Une fois à l’intérieur, elles font évaporer l’eau en battant rapidement des ailes pour refroidir le couvain et les stocks de miel. Le temps lourd d’avant l’orage avait considérablement augmenté la température intérieure de la ruche mettant en péril la survie de la colonie, de ses oeufs et de ses réserves.
De son observatoire, bien à l’abri des regards des abeilles dont les yeux possèdent de multiples facettes hexagonales, Tounéco découvre un étrange phénonème. Une grosse grappe d’abeilles sort lentement de la ruche, comme un serpent,, glisse jusqu’au toit et part d’un seul coup sur la branche d’un peuplier qui ploie sous le poids de l’essaim. Une partie des abeilles quitte la ruche. A intervalle régulier, des abeilles partent et reviennent, effectuant à la surface de l’essaim une danse surprenante pendant laquelle alternent bruissement d’ailes, contractions de l’abdomen, virages à droite, à gauche avec pour thème principal le » de bas en haut « . Régulièrement une abeille met fin à la danse comme pour dire STOP ! Une autre abeille arrive et le ballet recommence. Soudain, sans que Tounéco ne comprenne ni pourquoi, ni comment, cette boule se disloque en un vol ondulant lourd et lent qui part vers l’est. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Intrigué, il décide de la suivre. La promenade prendra fin dans le tronc creux d’un vieux chêne, sur le talus d’en face. En un instant, toutes les abeilles disparaissent à l’intérieur de l’arbre, il ne persiste que leur bourdonnement et notre ami, dépité, sans guide à l’orée d’un bois !
Un peu perdu dans ses pensées, Tounéco ne comprend pas tout de suite que ce bois est celui de … Valaine, là même où il a dormi avant de partir vers l’inconnu, vers Etretat. Reprenant ses esprits, un frisson de joie le parcourt soudain, et le voilà qui fonce vers les siens. Très vite, il retrouve le petit trou dans la clôture et OUILLE ! Ca coince ? Il ne passe plus ! A t-on resserré le trou ? Ou plutôt a t-il grandi ? C’est bien çà, il a grandi et le voilà bloqué au niveau de l’abdomen. Il bêle, il bêle, mais rien ne se passe. Il tire, tire mais rien ne bouge. Ses cornes ont grandi aussi, certes, mais pas au point de casser le piège pour le libérer ! Il bêle encore, désespérément et des cris d’enfants répondent à son appel : » Mummy, Daddy, viendez voir, y’a un biquet qui crie dans l’jardin » (sic). Aussitôt, Agnès et Bernard surgissent, suivis de leurs petits enfants. En un instant, Tounéco est libéré, rassuré et rendu aux siens.
Il file dans la pâture vers le troupeau, bien décidé à vivre entre les siens, plein d’usages et raison, le reste de son âge. Mais que de choses à raconter maintenant : Cirrus, stratus et cumulonimbus n’ont plus de secrets pour lui, pas plus que les arc-en-ciel, les mares, les rivières, la mer et ses marées, les oiseaux, les animaux comme son copain le lapin, les insectes, les poissons, les plantes… Et tout cela est » fait d’eau (x) « . Du matin au soir et du soir au matin, du nord au sud et de l’est en ouest, du plus petit au plus grand, du plus faible au plus fort, un vrai festival, tout n’a qu’un point commun pour la Vie.
Aujourd’hui une surprise l’attend au Valaine, les hommes du Monde de la Pierre ont posé un » Miroir d’eau » ouvrant une fenêtre sur l’imaginaire et le ciel. Il s’en approche timidement : et si son nom était en fait » Conétout » réflété par l’eau ?
» Tounéco » vous l’aurez compris et qu’on se le dise, signifie : Tout n’est qu’Eau !
Avec les compliments d’Arsène Caprin, la complicité de Tounéco, et de bien d’autres encore…
» A mes petits enfants, pour que leur vie soit belle, douce et pleine d’heureux mystères »
FIN