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Les aventures de Tounéco, chapitre 17

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ETRETAT. Epuisé par sa « course  » au pied des falaises, Tounéco dort alors que l’orage gronde.

Le vent se lève, il semble faire nuit, la mer se forme en de grosses vagues menaçantes surmontées d’écume : c’est marée haute. Tounéco se réveille et trouve son refuge bien peu protecteur. Cette grotte ouverte sur la mer est rapidement envahie par les flots et la pluie qui s’abat, drue, presque horizontale, fouette les parois rageusement. Il ne peut rester là ! Rassemblant ses dernières forces, il décide de sauver sa peau, déjà trempée, et se rue à l’extérieur sautant entre les rouleaux assassins.

Tout à coup, il aperçoit un passage dans la muraille, là sur sa gauche. Il fonce tête baissée, cornes en avant, vers ce chemin qu’il espère salutaire. Il ne voit plus rien tant la pluie est dense, maintenant redoublée de grêle. Poussé par le vent, il titube, heurtant parfois les cotés de l’échappée. L’eau commence à ruisseler à contre sens entre ses pattes, ralentissant encore sa progression vers … ? Soudain, un éclair de génie le traverse : suivre l’eau à  » contresens  » ! Mais oui ! En suivant l’eau qui ruisselait vers le bas, il a quitté Valaine, son salut sera donc  » à contresens « . Tel un fil d’ Ariane, c’est l’eau qui guide Tounéco remontant peu à peu la falaise, trouvant rapidement un peu de répit derrière des crambés, ces grandes plantes à fleurs jaunes typiques des prairies aérohalines. Le ciel est noir, crachant toujours ses flammes grondantes, tout le flanc de falaise ruisselle comme une cascade géante. Beethoven et l’orage de sa Pastorale disaient vrai !

Note ami tremble de partout transi jusqu’aux os. Il désespère, même au moment où le ciel se déchire. Un soleil puissant apparaît, chassant l’orage, poussant devant lui un superbe arc-en-ciel multicolore, encore une manifestation de l’eau dans le ciel. Très vite, le jour reprend ses droits, la chaleur, supportable maintenant, apporte du réconfort au petit chevreau qui se découvre planté là au milieu d’un superbe festin : les prairies aérohalines lui offrent le meilleur  » des saveurs de la côte « , des gourmandises colorées et parfumées, goûteuses à souhait. En quelques instants, la peur, la soif, la faim ne sont plus que mauvais souvenirs. Tounéco reprend vie, broutant par-ci, broutant par-là, broutant à truffe raccourcie… Quel régal !

Repu, il contemple les lieux. Le voici en haut de la Courtine. La mer, enfin calmée, reprend sa couleur turquoise, le terrain de golf d’un vert intense bordant la côte semble ondoyer à l’infini. Un chemin mène vers de petits bois, les brise-vent, dans lesquels toute une faune s’agite, fêtant le retour du soleil. Quelques feuilles de mûriers sauvages sont pour lui le plus délicieux des desserts.

Humant la brise, il sent une odeur familière, un mélange de châtaigniers, de tilleuls, de pommiers et de saules :  » Maison !  » Il approche de la maison. Il part d’un trait, nez dans la brise, sautant de flaques en flaques, bondissant dans les blés épiés, se ruant dans les rangs de betteraves ou de pommes de terre. La maison est par là, il le sait, il le sent, il y va. Au détour d’un champ de colza, une muraille végétale se dresse devant lui : pas de quoi arrêter sa fougue. Il bondit et … s’arrête tout à coup !

Une sorte de maisonnette bourdonne devant lui, un frisson le parcourt : ce bruit étrange refroidit son ardeur. Des tourbillons, sans cesse recommencés, l’entourent comme pour le repousser de l’endroit, il ne sait plus où donner de la tête, comment s’en écarter. Aïe ! Quelque chose vient de lui piquer la truffe qu’il frotte instinctivement sur le sol. Les bourdonnements continuent.  » Ca va pas, non !  » s’écrit Tounéco.

A suivre…

Le Côte d’Albâtre

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