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Les aventures de Tounéco, chapitre 16

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ETRETAT. Après une folle journée à la découverte des jeux de plage, Tounéco répond à l’appel de  » La Porte « .

La nuit s’en vient, mais la mer repart… Tounéco veut en avoir le coeur net ! Il suit la limite des eaux pendant leur retrait. Nyctalope, il n’est pas gêné, sur le platier rocheux, évitant les pièges des trous d’eau. Toujours plus loin, toujours plus loin, la mer se retire avec un fort coefficient de marée et voilà notre ami, contournant la falaise d’aval, par une nuit sans lune de fin juin saluant l’arrivée de l’été.

Plantée là comme un colosse, l’Aiguille, que l’on dit creuse, s’impose dans le noir comme une masse puissante, impressionnante. D’ailleurs Tounéco ne cherche pas à s’en approcher mais rejoint la plage de galets de l’autre côté d’ Aval. Une faille dans la muraille blanche l’invite à finir là sa nuit que percent seulement les cris de quelques oiseaux nocturnes et de mouettes dérangés par son arrivée.

Déjà demain ? La lumière commence à poindre tout en haut de la falaise et Tounéco découvre un nouveau spectacle extraordinaire. Là-bas, à l’horizon, d’immenses bateaux chargés de grandes caisses, les containers, voguent vers Le Havre. Un vieux gréement, majestueux, toutes voiles dehors, remonte vers fécamp. Plus près, de petites embarcations semblent suivre un jeu de piste marqué de bouées colorées sur la mer. Tounéco s’arrête quelques instants au bord de l’eau et découvre une flaque  » bien vivante  » : des anémones qui se rétractent à son arrivée, des petites étrilles qui marchent … en crabe et même des vignots bien collés sur leur support de craie. Il a soif et tente de laper cette eau fraîchee : BEURK ! C’est tout salé, la mer est salée, pas seulement l’air du bord de mer… Et sa soif ne fait que grandir !

Il parcout toute la plage à la recherche d’une issue mais aussi de quelques nourritures et boisson. Rien, à part cette eau salée et les  » p’tites bêtes  » dedans. Ici tout semble minéral, le moindre bruit résonne et pourtant çà grouille de vie, d’eau ! Des oiseaux blancs, gris ou noirs survolent les flots, plongeant régulièrement presque à la verticale, ressortent souvent un poisson dans le bec. Mais lui, il n’a rien à se mettre  » dans le bec  » et cet soif qui le tenaille ! Le soleil, plus présent, chauffe la muraille blanche et les galets gris. L’atmosphère se fait lourde, de gros nuages commencent à envahir le ciel, Tounéco avance encore. Il se retourne et voit jaillir de la falaise la silhouette immense d’un éléphant trempant sa trompe dans la mer : la même silhouette qu’avait vue Guy de Maupassant … L’ami déguerpit. Après avoir franchi une nouvelle passe, encore une plage qui s’ouvre à lui, toujours plus grande, toujours minérale. Même à quatre pattes, trotter dans les galets n’est pas une sinécure !

Vert ! la-bas, c’est vert ! A manger ? Il y court, trébuchant souvent, et arrive pour trouver … à boire. Les Pisseuses, ces sources ferrugineuses d’eau douce venant de Valaine coulent ici à flanc de falaise et Tounéco s’enivre de cette eau qui peut enfin le désaltérer. Mais manger, que nenni ! Cette couleur verte, ce sont des mousses et des algues  » d’eau douce  » qui vivent là grâce aux sources. Il va devoir continuer plus loin encore. Une dernière voûte le fait passer sous la Courtine et il se réfugie dans les grottes de la plage d’Antifer. Ouf ! Il était temps, la mer reprend ses droits sur la terre ! A quelques minutes près, il aurait été piégé de l’autre côté, noyé peut être dans cette eau  » Beurk  » pleine de sel… et de vie.

Tounéco se couche, affamé, il n’en peut plus. Saura-t-il la fin de l’histoire ? Le voici épuisé, à bout de souffle, à bout de tout, l’air devient presque irrespirable. Déjà ses yeux se ferment, il accepte son sort. A vouloir aller trop loin, il est arrivé dans un monde qui lui parait sans retour. Advienne que pourra, mais lui, si jeune, si fragile … son sommeil est agité. Le ciel s’obscurcit, menaçant, un orage arrive grondant, illuminant terre et mer d’éclairs éblouissants.

A suivre …

Le Côte d’Albâtre

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