ETRETAT. Tounéco, qui vient de découvrir l’église et ses » eaux bénites » part vers de nouvelles aventures.
Passé le porche, Tounéco se dirige vers la droite, un portail ouvert lui offre l’opportunité d’éviter le parvis et cette longue allée cailloutée qui mène au centre ville. A peine franchi, le portail se referme bruyamment sur lui, poussé par le vent. Un coup d’oeil circulaire et son poil se dresse sur son échine : Personne, il n’y a personne mais il est prisonnier du cimetière ! Timidement, il erre entre les tombes craignant des feux follets par-ci, des revenants par là, mais les seules ombres suspectes sont celles des arbres du bord de la route, ombres qui l’appellent, lui indiquant la sortie du labyrinthe, rue du Colonel Raynal, juste derrière les tombes des soldats canadiens de 14/18.
Il s’avance dans cette rue bordée de maisons et aperçoit un petit pont avec, de chaque côté, une verdure bien appétissante poussant sur une forte pente, tout pour lui plaire et rassasier ses estomacs. Il grimpe peu à peu, grignotant par-ci, grignotant par-là et toujours ballotant de la queue. Arrivé sur le pont, il retrouve le groupe de touristes croisé à l’entrée de l’église. Et le guide conférencier d’expliquer avec moultes cartes postales géantes, les » années folles à Etretat » et les trains à vapeur déversant belles dames en robe à paniers, enfants en marinière et personnels de maison. Fièrement planté sur le quai, un homme arbore une plaque cuivrée brillante : bagagiste de l’hôtel Blanquet à Etretat. Coups de sifflet, jets de vapeur, le train repart au milieu des cris des enfants et des touristes qui viennent de partager un moment fort, vivre comme s’ils y étaient, la gare d’Etretat à la Belle époque, grouillant de vie et de vapeur d’eau ? Oui, de l’eau pour actionner le train.
Ni une, ni deux, Tounéco repart vers son petit pont et dévale rapidement le bout d’herbage pour se retrouver sous le pont, loin des regards. Il ose prolonger sa découverte pendant bien un kilomètre et s’arrête, surpris du ronronnement qui lui parvient d’un bâtiment sur sa gauche. Pas un blockhaus, pas un immeuble, une bâtisse sans fenêtre ou presque qui rugit lentement comme un lion endormi. Il s’en approche et découvre des bacs où des tourbillons agitent une eau saumâtre sur laquelle flotte un peu de mousse blanche qu’un voile vert empêche de s’envoler : une station d’épuration » physico – chimique « . Ici, on va nettoyer l’eau. L’eau sale, usée par l’utilisation dans le village, vient se refaire une beauté, séparée des matières lourdes et des éléments chimiques superflus, elle sera légèrement chlorée et rendue à la mer par un long tuyau passant sous cette immense muraille blanche : la Falaise d’Amont.
Contournant la clôture de l’édifice, Tounéco grimpe vers le haut de cette falaise, prélevant de temps en temps, une feuille de sureau, un pissenlit et même une orchidée (orchis orchis). Une route large, bordée de rails métalliques, serpente sur les flancs de cette colline. Il est passé midi et le soleil chauffe le goudron. Tounéco hésite un instant et fonce droit devant pour traverser cette voie, continuer son ascension. Se glissant entre les buissons et les hautes herbes, il contourne une immense propriété qui semble accueillir des personnes âgées, » l’ Etoile du Matin » et …
Voici un immense terrain de jeu, bien plat, en forme d’avion qui serait tombé en 1927 dans l’atlantique où les marécages du Nord des Etats-Unis, dans l’eau quoi, mais il s’appelle » l’Oiseau blanc » symbolisé par une flèche pointée vers le ciel. Tounéco bondit dans tous les sens : » Ah, si je pouvais voler … pense-t-il un instant avant de se laisser envahir par l’incroyable beauté du lieu. Là , derrière cette petite chapelle, comme un décor de cinéma, Etretat et ses falaises s’offrent à lui, baignées par la » grande tache bleue » : La mer !
A suivre…