LE TILLEUL. Les agriculteurs en ont marre d’être montrés du doigt et des directives qui mettent en danger leur outil de travail.
Vendredi soir, la réunion organisée par l’APDPPS, association de protection des droits du patrimoine et de la santé a rassemblé une soixantaine de personnes parmi lesquelles Charles Revet sénateur, Guillaume Burel président du syndicat des jeunes agriculteurs. Après avoir présenté l’association créée le 10 mars dernier avec pour objectifs de réprésenter les adhérents au niveau de toutes les instances car trop de décisions sont prises à leur insu, les actions à mettre en place « nous demandons à participer à l’élaboration des projets qui pourront porter atteinte au droit des propriétaires du patrimoine privé, en informant et en sensibilisant sur les enjeux sociaux-économiques » , la présidente Edith Hanin a dressé une synthèse des problématiques engendrées par Natura 2000 : droit de propriété virtuel, dévaluation de la valeur foncière, difficultés pour les jeunes d’obtenir un prêt, droit de préemption exercé sur la zone Natura 2000… Elle a évoqué également le manque d’entretien des terres par le conservatoire du littoral, les problèmes de santé et de sécurité notamment avec la prolifération des sangliers. « Avant de nous donner des leçons, il faut commencer par soi !» Puis elle a donné la parole à M. Fihu, ancien président de la chambre d’agriculture de Bois Guillaume.
Une confiance mise à mal
Agriculteur exploitant à Neufchatel-en-Bray, M. Fihu a fait part de son expérience. « Pendant quarante ans, ces problèmes ont été mon quotidien, mais ici vous êtes confrontés à trois types : la loi du littoral, Natura 2000 et la classification Unesco. Il évoque alors le site de Natura 2000 où l’on trouve tout et son contraire, le schéma de cohérence régional en préparation… Européen convaincu, il n’est opposé à rien, mais cette notion de Natura 2000 est pour lui un zonage sur lequel on a estimé une flore et une faune à protéger sans qu’aucune étude n’ait été faite. Il souligne que les élus préfèrent voir des abandons d’activités par les exploitants plutôt que de devoir rendre une copie difficile à l’Europe. « Il ne faut pas croire qu’il n’y aura pas d’incidences » Toutes catégories professionnelles ou non sont ou seront touchées ne serait ce que pour un simple agrandissement de maison ou une véranda. A l’issue de longs échanges avec le public, il terminera en disant avoir perdu confiance. « J’ai porté Natura 2000 sur le pays de Bray, mais dix ans plus tard, on voit que les agriculteurs n’ont jamais été indemnisés comme il faut, on a eu que des problèmes. Il fait allusion au millefeuilles de directives auquel on rajoute toujours une couche, ainsi une parcelle se voit avec vingt deux contraintes ! Dans la salle, une personne interpelle Cyriaque Lethuillier, guide naturaliste , maire de la Poterie-Cap-d’Antifer pour savoir ce qu’ils comptent faire. Bertrand Golain, agriculteur, exprime son ras le bol. Une intervention applaudie qui reflète le ras le bol général. Les agriculteurs en ont marre d’être montrés du doigt, du manque de respect évident, d’être mis devant le fait accompli. « Aujourd’hui on a des directives de partout. On regrette que des personnes qui ont travaillé toute leur vie voient leur travail, leur droit de propriété bafoués. Laissez les paysans travailler, laissez nous vivre » Charles Revet reviendra sur l’Europe, c’est elle qui indique le pourcentage de terres à protéger, les pays proposent mais in fine c’est l’Europe qui décide. En octobre dernier il a adressé un courrier à Mme Duflo, courrier auquel il n’a obtenu aucune réponse. Il entend donc reposer la question publiquement à Mme Ségolène Royal. Il informe qu’une enquête publique va être faite sur les chemins de cohérence (sur l’ensemble du territoire régional et sur un mois). « Il faut essayer de savoir avant, de rester vigilant ».
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