CRIQUETOT-L’ESNEVAL. Parti en renfort pour une mission solidaire à Mayotte, Alexandre Saint-Léger, pompier volontaire a vécu une expérience marquante, très enrichissante.
Sergent-chef, Alexandre Saint-Léger, pompier volontaire arrive à seize ans de service dont dix ans au centre de Criquetot-l’Esneval. Auparavant, il était à Octeville. Une passion depuis tout petit qui ne l’a jamais quitté. Professionnellement, il exerce en tant que responsable de chantier chez Hervé Thermique. Hervé Saint-Léger avait répondu à la demande nationale du ministère, la 3ème vague de renfort, pour assurer une mission à Mayotte.
Sa candidature est retenue, et parmi le groupe sélectionné, seules deux personnes étaient de Seine-Maritime et ce pour une mission de 21 jours sur place, du 4 au 26 février. « Mon patron professionnel m’a libéré pour que je puisse faire cette mission. Et le lieutenant Kévin Cayrol, chef du centre de Criquetot et l’adjudant-chef Thomas Bloquel ont accepté aussi que je parte, et j’ai eu le soutien de ma famille. Le SDIS a accepté de nous envoyer en mission là-bas.
Les écoles, une priorité
« Au départ, on venait pour aider, mais au final, on a assuré la mise en sécurité des biens publics (école, préfecture, gendarmerie, hôpitaux. Surtout les écoles, cela a représenté 75 % de notre mission. Si tous les bâtiments en béton ont tenu, le reste était détruit, toiture arrachée… La priorité a été de réparer l’école, de refaire la charpente, toiture. L’école est importante pour les enfants, elle leur permet de manger, de boire. Basés sur la Grande Terre dans un gymnase de l’enceinte d’un collège, (où ils ont d’ailleurs initié les enfants aux gestes de premiers secours), notre mission s’est déroulée un peu partout. Couvre-feu à 17h30, on devait rentrer à la base pour des raisons de sécurité. Interdiction de consommer l’eau et la nourriture locale. Les enfants de moins de 15 ans nous accueillaient à bras ouverts, avec les ados et les adultes, le contact était plus difficile.
Sur place, une soixantaine de volontaires dispatchés en cinq équipes. « Tous les jours, chaque équipe avait une mission différente. On allait aussi en maraude, on rentrait dans les bidonvilles avec une association locale, avec des jeunes qui viennent aider, sans que leur famille soit au courant. On aidait à la distribution de la nourriture, on distribuait des sacs de pommes et on faisait de la « Bobologie », des petits soins. On a vu une gamine dont le bras était tellement infecté, rempli de pus, qu’elle aurait pu perdre son bras. Ce sont les gamins qui viennent chercher à manger pour les familles ». « Pour moi, les maraudes ont été le meilleur. On allait au contact des personnes et avec les enfants, c’était super. Malgré leur condition de vie, ils ont le sourire, sont pleins de vie… »
Une expérience qui change les priorités
Pour Alexandre, c’était un rêve de partir à l’étranger. « Une expérience marquante, très enrichissante, même si dure physiquement et moralement. Voir la souffrance des gamins, la faim, notre seule arme, le sourire et notre volonté. J’espère pouvoir recommencer un jour ce genre de mission. Cela a changé ma façon de vivre depuis mon retour. Les priorités ne sont plus les mêmes, on ne se plaint plus et on mesure davantage notre chance de vivre en France. J’ai souffert de la chaleur, 34/35 le jour et 30 la nuit, sans climatisation, sans aucune zone d’ombre, il n’y a plus un seul arbre. On s’adapte. Le problème a été parfois la langue. Mais vraiment, c’est une très belle expérience, elle m’ a enrichi ;on se sent utile, et je suis très heureux d’avoir participer à cette mission.
Le Côte d’Albâtre