HEUQUEVILLE. L’association Bruneval Raid : Operation Biting a pour objectif de faire connaître l’histoire des vétérans du Raid, de rendre hommage à ceux qui sont absents des mémoires.
Si l’association Bruneval Raid : Operation Biting a été créée officiellement en novembre dernier, elle existe officieusement depuis beaucoup plus longtemps par les activités de son président, Nicolas Bucourt. Co-auteur avec Alain Millet, du livre « Raid de Bruneval et de la Poterie-Cap-d’Antifer, mystères et vérité », il écrit dans des revues spécialisées, organise des expositions… Il n’a de cesse de mener des recherches, de collecter des objets et tenues, de retrouver les familles des vétérans…
Tout ceci a été officialisé pour créer une structure qui réunirait les familles des vétérans entre-elles. « Elles sont dispersées aux Royaume-Uni voir à l’autre bout du monde pour certains (Canada, USA, Australie… Créer l’association pour le 80e anniversaire me paraissait être le bon moment pour justement accueillir les familles comme il se doit. Elles ont fait connaissance entre-elles et ont gravité dans notre exposition tout en partageant les souvenirs communs de leurs pères. L’association est domiciliée à Heuqueville où il a ses attaches. « Le raid s’est déroulé sur deux communes (La Poterie-Cap-d’Antifer et Saint-Jouin-Bruneval). Ces deux communes et leurs habitants sont très fières de cette opération. Etre à Heuqueville permet d’avoir une certaine neutralité pour le but premier de l’association : faire des recherches historiques sur le raid et sur ceux qui l’ont accompli. De plus, pour l’aspect historique, les avions transportant les parachutistes sont entrés dans les terres au niveau d’Heuqueville avant de remonter vers Antifer. Les premières terres normandes que les parachutistes ont vu à travers la trappe de saut et ont survolé sont celles d’Heuqueville. Mon intérêt pour cette période est aussi né à Heuqueville quand on allait jouer dans chaque fortification abandonnée par l’ancien occupant » explique Nicolas Bucourt. L’association est composée de ces membres d’honneurs que sont les familles de vétérans, avec sa présidente d’honneur, Caroline Frost, la fille du Major Frost. Les membres actifs sont des proches qui sont passionnés par l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, des collectionneurs, des auteurs, employés de musée…
Une association très active
Bien que le 80e anniversaire soit passé, l’association reste active pour faire connaître l’histoire des vétérans du Raid de Bruneval. Actuellement, elle présente des pièces de l’opération dans le cadre d’une exposition temporaire à l’Airborne Museum de Sainte-Mère-Eglise, haut lieu des parachutistes. « Régulièrement, nous faisons des conférences pour les jeunes de la Préparation Militaire Marine, nous écrivons des articles dans les revues spécialisées, réalisons des vidéos courtes sur des aspects du raid à retrouver sur nos réseaux sociaux. Ce type de vidéo permet de toucher le maximum de monde de façon ludique et créer un intérêt sur l’histoire du raid. Notre objectif est de retrouver de nouvelles familles de vétérans pour mette une histoire et un visage sur les noms. A chacun des anniversaires des vétérans, nous publions sur nos réseaux sociaux, une petite biographie de leur naissance jusqu’à leur décès. Leurs histoires sont aussi recoupées par les archives que nous nous efforçons de trouver et d’éplucher ».
Un des gros travaux est d’établir la liste des 120 parachutistes qui ont sauté dans la nuit du 27 au 28 février 1942 souligne Nicolas Bucourt. « Il existe une liste dans les archives, mais elle a des incohérences (doublon de nom, parachutiste capturé figurant dans un avion dont ses paras n’ont pu être fait prisonniers…). On ne sait pas quand cette liste a été dressée. Le raid pouvait être déclenché pratiquement une semaine avant sa date historique. Nous débattons de cette liste avec des historiens anglais qui ont soulevé les mêmes incohérences et nous recoupons nos » preuves « . Si la liste officielle a été écrite à ce moment, en une semaine beaucoup de choses peuvent changer. Au même moment, les parachutistes sont encore les pieds dans l’eau à s’entraîner à rembarquer en plein hiver. Est-ce qu’il y en aurait pas eu qui seraient tombés malade après la rédaction de cette liste. On parle de 120 paras pour Biting, mais il y en avait pratiquement 150 qui s’entraînaient au raid. Il y a eu des changements de dernière minute. La compagnie de parachutistes qui a sauté était la ‘ C ‘ Company, elle a été complétée par des hommes de la ‘ B ‘ Company également pour pallier au manque d’homme. Le Sergeant Lutener est officiellement inscrit dans un groupe de paras et a écrit, de sa main, dans son journal intime, comme faisant partie d’un autre groupe. Après la guerre, des vétérans eux-mêmes ont corrigé la liste officielle d’après leurs souvenirs. Lors de la dernière exposition « Le retour des héros » au phare de la Poterie, l’une des familles de vétérans nous a confié la liste corrigée par son père. Parfois ces souvenirs de vétérans se contredisent aussi, c’est normal. L’opération Biting n’était pas leur unique saut de la guerre. Il existe des sources à explorer encore pour dresser la liste des parachutistes. Il s’agit des effets dédicacés par les paras au retour du raid (billets de banque français, morceaux de parachutes). Ces signatures sont des confirmations de leur présence lors du raid. Elles peuvent être complétées avec les listes officielles post-raid, la liste des prisonniers, des tués et des blessés. Mais en mettant bout à bout tous les noms inscrits sur l’ensemble des listes, des témoignages, des coupures de presses, on obtient près de 140 noms. Cette nuit-là, douze avions ont décollé de Thruxton, ces avions avaient la capacité de transporter chacun dix parachutistes. Ils étaient 120. Le but n’est pas de pointer du doigt ceux qui ont prétendu avoir fait le raid, le but est de rendre hommage à ceux qui l’ont fait et qui sont absents des mémoires » Nul doute, que l’association va poursuivre ses recherches pour leur rendre hommage.
Le Côte d’Albâtre