LA POTERIE-CAP-D’ANTIFER. La municipalité s’est engagée dans la réhabilitation écologique de la Mare de la Place.
Depuis trois ans, le Syndicat Mixte des Bassins Versants Pointe de Caux Etretat (SMBV) développe un programme de création et de réhabilitation des mares hydrauliques auprès des collectivités et des particuliers avec la participation financière des intercommunalités (CODAH, Communauté de communes Caux Estuaire, Communauté de Communes du canton de Criquetot-l’Esneval, Communautés de communes Campagne de Caux et Communauté d’Agglomération Fécamp Caux Littoral) et de l’agence de l’eau Seine-Normandie. Depuis 2015, vingt-cinq mares ont été réhabilitées et créées.
L’objectif de ces travaux est d’une part de redonner vie à la mare mais aussi de lui donner un vrai rôle tampon pour pouvoir stocker temporairement de l’eau en période pluvieuse. Samedi, l’inauguration de la réhabilitation de la mare de la Place aura été bien arrosée, le ciel s’étant mis de la partie. Le maire, Cyriaque Lethuillier a souligné que la commune avait décidé d’acquérir cette mare, une opération impulsée par Gérard Paillette lors de son dernier mandat, et motivée par différentes raisons d’ordre écologique, économique et social. « La commune s’est engagée dans la réhabilitation de la mare avec le soutien technique de Mme Estelle Vaudry, du SMBV de la Pointe de Caux, syndicat présidé par Daniel Soudant et le financement de Com’COM de Criquetot, présidée par Florence Durande et de l’Agence de l’eau. L’entreprise Vandermersch a réalisé les travaux l’hiver dernier sous la responsabilité de M. Sylvain Vasse ». Le maire a remercié chaleureusement M. Yvan Salé, agriculteur retraité, qui a accédé à la demande d’acquisition de la commune. « Yvan Salé, disait dernièrement que cette mare a due en voir passer des hommes… Guy de Maupassant y a forcément cheminé à ses abords. Jules Deschamps, agriculteur et artiste peintre, l’a peint en 1958. On voit sur la toile les grands ormes qui ceinturaient le plan d’eau, avant que la graphiose, maladie cryptogamique venue d’Amérique, ne les emporte avec tous leurs frères qui entouraient jadis nos fermes et clos masures ». Une mare qui ne doit plus compter le nombre d’enfants qui sont venus y pêcher grenouilles, crapaux et tritons… Le maire lui-même y a passé une partie de son enfance, venant pêcher la grenouille, le têtard d’alyte et quelques urodèles qui stimulaient déjà son intérêt pour la nature. L’édile a continué sur le rôle écologique, précisant que la prospection naturaliste réalisée avec les techniciens du SMBV en 2017, avait montré une désertification du point d’eau liée à une dégradation générée par l’introduction de canards domestiques. « Pourtant on sait que cette mare figure parmi la liste des points d’eau faisant l’objet d’un suivi des populations d’amphibiens de notre région, pour sa grande richesse biologique initiale ». Le CAUE 76 a été associé en amont au projet pour apporter son approche sensible à l’intégration paysagère de l’aménagement hydraulique du SMBV. Puis il a poursuivi sur le rôle économique, soulignant que le rôle tampon restitué à cette mare, valorise la fonction qu’elle exerce dans l’économie locale en participant à la lutte contre les ruissellements et l’érosion des sols. A cela s’ajoute un rôle de réserve incendie, d’ores et déjà validé par le SDIS en rapport avec sa capacité (350 m³) et sa position stratégique dans le centre nord du hameau. Elle évite ainsi des aménagements coûteux en terme de défense extérieure contre l’incendie.
Un rôle social
Si l’on ignore exactement depuis combien de temps, cette mare existe, elle figurait déjà sur les premiers plans du 17e/18e siècle. Cyriaque Lethuillier a évoqué que cette mare avait sans doute jouée un rôle central dans l’agrégation de l’habitat ayant formé le hameau de la Mare, hameau qui était jadis nommé le village d’Antifer, précisant que c’était un regroupement avec le village de La Poterie qui avait donné naissance à la Poterie-Cap d’Antifer aux environs des 17e/18e siècles. « La ressource en eau est un élément clé de la répartition des hommes et de leurs habitations. Yvan Salé y avait trouvé une pierre taillée du néolithique? Allez savoir ». Avant de conclure, l’édile a rappelé qu’une mare joue un rôle social dans un village. Un lieu de rencontre qui fait parler les gens entre eux. La municipalité souhaite d’ailleurs que cette mare continue de nourrir le lien social entre les hommes et la nature. Elle entend poursuivre l’aménagement autour de la mare, qu’elle soit aussi un lieu pédagogique. Dans le cadre de l’opération 40 ans, 40 arbres menée par le CAUE 76, la municipalité a choisi d’y planter un poirier qui donnera ses fruits à tous ceux qui viendront ici, aux hommes et à la nature. En effet, depuis 40 ans, le CAUE de Seine-Maritime, accompagne les réflexions de ses communes adhérentes sur l’amélioration du cadre de vie des habitants, la restructuration des espaces publics et la qualité des arbres. N’oublions pas, l’arbre participe aux fonctions écologiques des territoires, il permet de stocker du carbone, de filtrer les pollutions atmosphériques, de favoriser la régulation du climat. Il restitue l’oxygène, indispensable à toute forme de vie.