LE TILLEUL. Poème de Daniel Cuvilliez
LE PAYSAN ET LE POETE
Didier lit dans la nue l’orage qui chemine,
Il sème des couleurs, récolte les saisons ;
Il conte aux tout-petits la luzerne et le son
Et l’étrange secret du bovin qui rumine.
Daniel chipe une plume au vol de l’alouette
Et dérobe au talus un brin d’inspiration ;
Dans les yeux doux de l’âne il puise l’émotion
Pour alerter le monde au sort de la planète.
Le premier songe au lin rouissant sur la plaine
Et peste en entendant ricaner le pleupleu ;
L’autre joue à chercher dans le ciel nébuleux
Le renard et le bouc de Jean de La Fontaine.
Touriste, citadin, si tu as l’âme artiste
Et si tu viens chez nous saluer Maupassant,
Le couchant t’offrira son or impressionniste
Lorsqu’il griffe Antifer de ses vagues de sang.
Et tu repartiras avec, dans tes paniers,
Le cidre, l’amitié, la plainte d’une mouette,
La chanson de la mer et l’ombre d’un pommier,
Les mots du paysan, les rêves du poète.
© Daniel Cuvilliez