CRIQUETOT-L’ESNEVAL. Chants marins avec le Chœur d’Hommes d’Yport, témoignages ont emmené le public au temps des terre-neuvas.
Vendredi soir, la salle des fêtes était comble. Le public est venu très nombreux assister au concert « Chants de mer » organisé par le Chœur d’Hommes d’Yport et l’association Terre Neuvas de Fécamp. Soudain, une corne retentit, annonçant l’embarquement imminent. Le Chœur d’Hommes d’Yport invite l’auditoire à partir pour un long voyage, de Fécamp à Terre neuve.
Le ton est donné ! Les chants vont nous raconter les étapes de ce grand voyage, le départ, les traversées, la vie à bord… renforcés par des témoignages d’anciens marins. Chant de Terre-Neuve, Virginie, la mer, les penn-sardines… la mer et ses naufrages, ses disparus, les voix s’élèvent, le public savoure. Le premier témoignage, Jean-Claude Henri, 82 ans, 42 ans de navigation, capitaine, auteur de « la morue, de sa découverte à sa quasi disparition » et de « Mousse à capitaine sur les bancs de Terre-Neuve ». Il a commencé comme mousse et ce soir, c’est en tant que capitaine qu’il témoigne. Il évoque les préparatifs pour les voyages de 3 à 5 mois, l’équipage, le matériel, les vivres… Lorsque Corinne Fiquet, fille de marin, évoque la vie de famille avant le départ, quand la mère prépare le sac avec les vêtements très chauds, très important pour les trois mois, quelques friandises… on ressent toute son émotion. Des préparatifs qui se faisaient dans le silence, les yeux rougis. Puis le jour de départ où toutes les familles étaient rassemblées sur le quai, les enfants ce jour-là n’allaient jamais à l’école. L’heure du départ, la passerelle qui remonte, les amarres larguées. « On allait vite au phare pour un dernier au revoir ». La tristesse après dans la maison, comme si la vie s’arrêtait en quelque sorte. . Les chants reprennent, le voyage se poursuit. Daniel Savoye, président de l’association Terre Neuvas raconte la traversée qui durait 8/10 jours, parfois plus, la vie à bord, la préparation du chalut, le rôle du mécanicien… Et comment ne pas évoquer Anita Conti, la première femme à bord, la première océanographe, la première à partager la vie des terre neuvas. « La racleuse de l’océan, elle n’avait peur de rien. Elle avait déjà alerté du danger de la surpêche ». Hommage avec la chanson » Anita « . La soirée s’égrène entre chants et témoignages, le public est totalement pris dans l’ambiance. Pierre Desportes, vice-président de l’association, revient sur ce métier si dur, son évolution avec les chalutiers à moteur, les cadences infernales, le travail sur le pont, dans le froid et l’humidité, bravant les intempéries, les mousses toujours les mains dans l’eau froide, la vie à bord où chacun avait sa place. Les piqueurs qui vidaient les poissons, les décolleurs (jeunes matelots) qui coupaient les têtes et les tripes, les trancheurs qui coupaient la morue en deux et enlevaient l’arête dorsale, les saleurs. L’occasion pour le chœur d’Hommes d’interpréter une chanson écrite par Jean Henry, le père de Jean-Claude Henry. Il avait 17 ans lorsqu’il écrivit « la valse des malheureux », chanson témoin qu’il ne pouvait pas bien sur divulguer à l’époque. C’est la 1ere fois qu’elle a été chantée en public. La première partie s’est achevée sur l’histoire du Marité. Une très belle soirée, des témoignages captivants, le plaisir des chants marins, toujours prenants. Un beau voyage, et que du plaisir pour l’auditoire.
Le Côte d’Albâtre