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Un éco pâturage à préserver

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LE TILLEUL. Le pastoralisme touché de plein fouet avec le départ des ânes de la valleuse du Tilleul.

Pratiqué depuis de nombreuses années dans la valleuse du Tilleul, le pastoralisme se portait bien et au vu des naissances chaque année, nul doute que le cheptel se sentait bien sur cet espace naturel et sensible. Mais voilà, aujourd’hui, après que le Département ait demandé à Jean-Pierre Recher de soigner les ânes tout l’hiver, alors que l’herbe pousse, le Département exile les ânes dans le Pays de Bray.

Sans aucune acrimonie mais pour marquer les choses au regard de l’histoire du site que Défi Caux et lui-même ont contribué à rendre vivant, Jean-Pierre Recher nous invite à une balade philosophique avec les ânes du Tilleul/ La Poterie à travers ces quelques lignes :

« Depuis 15 ans la valleuse d’Antifer est pâturée par des animaux dont l’imposant troupeau d’ânes normands, fort de quatorze représentants. A l’origine de ce pastoralisme asin, Charles Revet, Gérard Paillette (ex maire de la Poterie), Claude Lesueur (ex maire du Tilleul) qui ont pris contact avec l’association de l’ Âne Normand que pilotait Claudine Jamoteau. L’âne a fait souche soignée par salariés et administrateur de Défi-Caux. Aujourd’hui la donne a changé, la position d’un partenaire institutionnel majeur s’est réduite substantiellement et le défi environnemental original, historique (33 ans) ne peut plus être relevé. Les administrateurs de l’association ont souhaité vivement qu’en dépit de la tourmente, les animaux demeurent et restent sur le site. Jean-Pierre Recher, afin d’éviter l’exil asin, assure quotidiennement et bénévolement les soins au cheptel et ce depuis octobre dernier.

Au moment où la présence des ânes est légitime, l’éco pâturage est paradoxalement stoppé pendant la période de pousse de la végétation, le Département ayant donné l’instruction de faire quitter provisoirement les lieux à nos amis asins. Il faut s’autoriser une ultime balade dans cet écrin luxuriant valorisé par une asinerie de grande qualité, de l’aveu d’un représentant de l’association de l’Âne Normand, comptabilisant sept femelles et un étalon de bon acabit. Ce capital génétique devrait être préservé à tout prix. C’est le sens de l’engagement des militants de la valleuse et des élus. Oui « l’âne si doux caressant les houx » pour paraphaser Henri Bosco, est un but de promenade pour les visiteurs grands et petits. Il est un vecteur social :

Adventavit asinus. Pulcher et fortissimus (l’Âne arrive, beau et vigoureux)

Ces deux vers sont tirés d’un cantique chanté au moyen âge après l’épitre et ont été repris lors des très nombreuses fêtes de l’âne mais également par Friedrich Nietzsche, dans son prélude « Par-delà le bien et le mal ». Ce propos s’oppose aux théories de Socrate, qui prétend, à juste raison, que si l’on reçoit un coup de pied de l’âne, il ne faut pas lui rendre. Cela renvoie également à la conception naturaliste de Nietzsche. Aussi en croisant les ânes normands, devrait-on méditer sur la place de l’âne dans notre société ? La philosophie de sa présence dans la valleuse d’Antifer, verte pépite aux vallons d’un vert tendre rappelant les teintes de René de Saint-Delis. Oui le parti pris de privilégier le pastoralisme était le bon choix, puisse t-il perdurer afin que l’on continue à rencontrer des ânes beaux et vigoureux, expression œcuménique ».

Le Côte d’Albâtre

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